1 Éloge à Paul Cézanne






« Décrié à ses débuts, et encore assez tard dans sa vie, Cézanne est aujourd’hui une de l’histoire de l’art. Sa participation au mouvement impressionniste compte moins que la place qu’il occupe entre le XIXe et le XXe siècle, entre d’une part le romantisme de Delacroix et le réalisme de Courbet, qui le marquèrent si fortement à ses débuts, et, de l’autre, les mouvements de la peinture contemporaine depuis le cubisme qui, à des degrés divers, se réclamèrent tous .
Il n’est pas sûr que le bruit fait maintenant autour de son œuvre aurait vraiment réjouis le Cézanne des dernières années, qui redoutait par-dessus tout qu’on le récupérât, qu’on lui mît " le grappin dessus ". La peinture fut pour lui avant tout un travail , , sauf à de rares moments, presque pénible, pratiqué sans interruption. De même le dessin, dont on oublie trop souvent qu’il s’agit d’un élément essentiel de son . Il plaçait très haut les fins de l’art, voulant produire des tableaux " qui soient un enseignement ".
Aussi sont-ils de plus en plus réfléchis au fur et à mesure , mûris dans l’introspection d’un artiste qui, cependant, se donnait comme premier maître la nature : " On n’est ni trop scrupuleux, ni trop sincère, ni trop soumis à la nature ; mais on est plus ou moins maître de son modèle, et surtout de ses moyens d’expression ", écrivait-il en 1904. Cette tension entre et sa transposition esthétique est au cœur de sa démarche.
Ainsi s’explique pourquoi Cézanne a pu être pour les générations qui l’ont suivi, alors même qu’elles employaient des chemins divers et contradictoires entre eux. La peinture de Paul Cézanne, comme la poésie de Mallarmé, est, en ce sens, . »


Extrait de Critiques sur Cézanne
Peinture : Jeune garçon au gilet rouge, par Paul Cézanne