Figures et portraits L'invention de Daguerre a aussitôt donné à tous les représentants des couches moyennes l'envie de s'offrir leur effigie au daguerréotype, à défaut d'. Daguerre écrit au sujet de son invention : « La découverte que j'annonce au public est du petit nombre de celles qui, par leurs principes, leurs résultats, et l'heureuse influence qu'elles doivent avoir sur les arts, se placent naturellement parmi les inventions les extraordinaires. Elle consiste dans la reproduction spontanée des images de la nature reçues dans la chambre noire, non avec leurs couleurs, mais avec une grande finesse de dégradation de teintes. » Aussitôt maints ateliers s'ouvrent dans les grandes villes et des opérateurs itinérants travaillent , les foires ou les lieux touristiques. L'emploi du daguerréotype, pièce unique ne pouvant être reproduite sans l'intermédiaire du dessin et de la gravure, limitait, à quelques exceptions près, la diffusion de ces portraits à la famille et aux amis. Au début des années 1840, le procédé mis au point par Fox Talbot du négatif/positif va permettre à David Octavius Hill et Robert Adamson de réaliser et de diffuser de remarquables effigies de toute la société d'Edimbourg, artistes, notables, pêcheurs. Mais, c'est surtout dix ans plus tard que la pratique du portrait photographique va connaître son apogée, grâce à des techniques .
Félix Nadar, prenant pour modèles ses amis de la bohème artistique et littéraire, a alors élaboré un type particulièrement convaincant de portrait photographique. Il a eu l'occasion d'exprimer sa conception à l'occasion du procès l'opposant à son frère Adrien Tournachon qui s'était approprié son pseudonyme : « La théorie photographique s'apprend en une heure ; les premières notions de pratique, en une journée... Ce qui ne s'apprend pas, je vais vous le dire : c'est le , c'est l'appréciation artistique des effets produits par les jours divers et combinés… Ce qui s'apprend encore moins c'est l'intelligence morale de votre sujet, c'est ce tact rapide qui vous met en communication avec le modèle, et vous permet de donner, non pas... une indifférente reproduction plastique à la portée du dernier servant de laboratoire, mais la ressemblance la plus familière, la plus favorable, la ressemblance intime. C'est le côté psychologique de la photographie, le mot ne me semble pas trop ambitieux . »
Au tournant des XIXe et XXe siècles, les cadres assez stricts du portrait et de la figure éclatent, grâce à la mise sur le marché d'appareils très légers, munis de qui permettent l'adoption de points de vue inhabituels. La photographie de masse est née qui, paradoxalement, ouvre un champ infini à la subjectivité. Il faut aussi noter les perfectionnements considérables apportés, autour de 1915 par Steichen et de Meyer à la photographie de mode et aux portraits d'acteurs devenus des genres à part entière. Enfin la multiplication des enquêtes sociales au tournant des XIXe et XXe siècles vont permettre aux plus défavorisés, par exemple les immigrés débarquant à New York photographiés par Lewis Hine, d'.
Louis Adolphe Humbert de Molard (1800-1874) Portrait de "Louis Dodier en prisonnier", 1847. Daguerréotype |