A Soi-Même (extraits du "Journal" autobiographique 1867 - 1915)
1869, Paris, 12 Avril La nature, dans une , veut que nous profitions de tout, même de nos erreurs et de nos vices ; c'est une vie incessante, un labeur continu dont la sève est intarissable. Un seul regard sur nous prouve la vie et nous montre le pas accompli. Qu'est-ce donc enfin que le retour d'un vieillard sur lui-même et toute la foi qu'il en retire ? Il y en a qui demandent ce que veut dire . Ce sont ceux qui n'écoutent que leurs instincts et qui prennent pour de la folie les suprêmes révélations de la poèsie. L'idéal est une chimère ; l'éclat de la vérité, les certitudes de la conscience ont pour unique cause la nature de notre et le milieu où nous avons vécu. Le mot spiritualisme sera toujours compris comme exprimant l'opposé du mot libéralisme. Le définir est impossible. Le beau et le bien sont au ciel. La science est sur la terre ; elle rampe.
L'espérance matérielle d'avenir immédiat donne dans l'action une grande énergie. Agir contre toute espérance est agir par vertu. Le Code remplacera l'Evangile lorsqu'il sera l'expression sincère de la . Lorsque la société mue par le bien apportera dans la loi l'esprit de moralité et de bien qui préside à l'effort individuel, ce jour sera le règne et de l'obéissance au verbe divin.
Au commencement, l'idéal touchait plus particulièrement quelques hommes : . Leur empire était légitime et la pression divine qu'ils exerçaient sur les autres était féconde et nécessaire. Mais les jours viennent où l'unanimité des voeux fera de la loi une expression docile de la grande conscience humaine et par conséquent le seul .
A Soi-Même Odilon Redon (extraits du "Journal" autobiographique 1867 - 1915) Peinture : Le coquillage, O Redon - Pastel sur papier |