L’écriture de vos enfants déchiffrée par une graphologue
L’écriture de vos enfants déchiffrée par une graphologue
Denise Berthet* : L’écriture, c’est le « qui suis-je ? »
C’est directement mon écriture qui me parle et qui dit ce que je suis dans mon être social : comment je me présente dans les formes, comment je me présente dans l’organisation de la page, mais surtout, l’écriture, c’est le trait. Alors qu’est-ce que c’est que le trait ? C’est la pression exercée par l’instrument, l’encrage. Et dans le trait, il y a l’essence de l’être. Fabienne Verdier, qui est restée 10 ans en Chine, a dit que l’écriture, c’est l’ossature, c’est la chair, c’est l’énergie vitale. Donc, on peut dire que toute notre énergie est concentrée, condensée dans le trait. Et le petit enfant commence à gribouiller et le gribouillis, c’est le moyen qu’a l’enfant de parler, c’est le moyen qu’a l’enfant de dire son « je suis ».
C’est pour ça que c’est très important de laisser gribouiller les enfants.
Soit il y a beaucoup de force vitale, soit il est très appuyé, soit il est léger. Alors, que veut dire cette légèreté ? Beaucoup de choses. Quelquefois ça change. D’abord, au début, c’est léger parce qu’il a peur, il n’ose pas et puis tout d’un coup, ça va être très très fort. Quelquefois c’est la colère qui va passer, c’est les oppositions, mais c’est bien que tout ça s’exprime.
Élodie Courtejoie : Ce sont les émotions qui passent à travers le trait ?
Denise Berthet : Les émotions passent à travers le trait. Oui, tout à fait.
Élodie Courtejoie : Est-ce que ceux qui rencontrent des difficultés dans l’écriture ont une mauvaise image d’eux ?
Denise Berthet : Ils ont une mauvaise image d’eux étant donné que l’écriture leur dit que ça ne va pas comme ils voudraient. Donc, ils ont ce reflet des formes qui sont laides, selon eux, et qui ne correspondent pas à une écriture aisée.
C’est-à-dire qu’il y a des cabossages, il y a des traits qui ne sont pas droits, il y a une mauvaise organisation de la page, il y a une ligne qui n’est pas très bien suivie. Donc, ça donne tout un ensemble qui n’est pas agréable à l’œil et ils sont assez intelligents pour se rendre compte et puis pour comparer avec les autres et voir que c’est moins beau que les autres.
Alors, vous disiez : comment leur redonner l’estime de soi ?
Je pense qu’il faut déjà avoir en nous cette confiance en l’autre. C’est passager, on va les aider. Il y a quelque chose à faire et il faut essayer d’éveiller leur créativité. C’est primordial. Chaque être est unique et chaque être a une difficulté particulière dans son écriture, même s’il y a des généralités qu’on découvre.
Ce que je viens de dire, c’est des généralités, mais chacun a sa manière. Un fantaisiste a le droit d’être fantaisiste et il faut respecter cette fantaisie. Donc, ne pas lui demander d’écrire comme quelqu’un qui est un matheux par exemple, qui aime bien que ce soit tout égal, etc. Donc là, il faut respecter la personne et il faut lui faire confiance. Je crois qu’il faut les aimer si on veut qu’ils s’aiment, les estimer si on veut qu’ils s’estiment.
Denise Berthet* est graphologue spécialisée dans l’expression corporelle, auteure de Leur écriture les trahit. Elle a exercé au centre médico-psychopédagogique de Grenoble, après des formations sur Paris (Hôpitaux Alfred Binet et Claude Bernard).