Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée. (4) Alcools. Recueil de poèmes, Vitam impendere amori. Guillaume Apollinaire
-
La femelle de l’alcyon,
-
L’Amour, les volantes Sirènes,
-
Savent de mortelles chansons
-
Dangereuses et inhumaines.
-
N’oyez pas ces oiseaux maudits,
-
Mais les Anges du paradis.
-
Saché-je d’où provient, Sirènes, votre ennui
-
Quand vous vous lamentez, au large, dans la nuit ?
-
Mer, je suis comme toi, plein de voix machinées
-
Et mes vaisseaux chantants se nomment les années.
-
Colombe, l’amour et l’esprit
-
Qui engendrâtes Jésus-Christ,
-
Comme vous j’aime une Marie.
-
Qu’avec elle je me marie.
-
En faisant la roue, cet oiseau,
-
Dont le pennage traîne à terre,
-
Apparaît encore plus beau,
-
Mais se découvre le derrière.
-
Mon pauvre cœur est un hibou
-
Qu’on cloue, qu’on décloue, qu’on recloue.
-
De sang, d’ardeur, il est à bout.
-
Tous ceux qui m’aiment, je les loue.
-
Oui, j’irai dans l’ombre terreuse
-
Ô mort certaine, ainsi soit-il !
-
Latin mortel, parole affreuse,
-
Ibis, oiseau des bords du Nil.
-
Ce chérubin dit la louange
-
Du paradis, où, près des anges,
-
Nous revivrons, mes chers amis,
-
Quand le bon Dieu l’aura permis.